39- Joseph Henri Desportes de Gagnemont
Joseph Henri Desportes de Gagnemont, 1821
par Nicole Pietrin
Joseph Henri Desportes de Gagnemont, fils de Charles-Henri Desportes de Linières (président de Sciences et Arts en 1768), est né le 15 janvier 1754 au Mans et est mort le 5 avril 1839 au château d'Amigné à Changé, âgé de 85 ans (AD Sarthe Acte 17 p. 120). Les deux témoins de sa mort sont deux ouvriers de la sucrerie d'Amigné toute proche qui logeaient au château. Il était littérateur et à ce titre a donné à la Société Sciences et Arts une traduction en vers français de la première églogue de Virgile dont Nioche de Tournay, secrétaire perpétuel de la Société, s’était fait le porte-parole à la session de 1809.
Il avait donné auparavant une traduction libre en vers français d’une ode d’Horace en 1803. Il a laissé à la Société d’Agriculture Sciences et Arts, également deux oeuvres :
« l’Homme », « Le Lis et la Pensée » une fable à la manière de La Fontaine et une « Ode sur l’Amour Maternel écrit en 1819 » (Voir Tome VI p. 124 des Mémoires de 1809) et une oeuvre plus politique, conservée dans la bibliothèque de notre Société, écrite en 1819, qui regrette le siècle de Louis XIV, ainsi qu'une intéressante notice (cotée XV, C, 6) sur « Les avantages que la culture du lin pourrait procurer au département de la Sarthe » où il expose l’avantage de cette culture sur les terres assez pauvres du département.
Extrait du discours et début de l'Ode à l'amour maternel (Cliché NP Sasas)
Le 27 mai 1807, monsieur de Gagnemont fait don à la Société d’une « Traduction Libre du Fragment d’un Poème de Cornélius sur la Mort de Cicéron », un "Récit de Drancès" dans la tragédie de Turnus en une poésie de 60 vers. En 1820, il écrit une pièce de 9 pages sur papier vergé en vers "La vie privée d’un sage".
Le 21 Décembre 1820, élu président de la Société, Monsieur Desportes de Gagnemont fait son discours d’investiture où il exprime sa gratitude envers les membres de la Société. Voici ce que nous lisons dans le recueil des procès verbaux, page 117 :
« un certain sentiment d’insuffisance lui avait fait craindre le fardeau honorable que lui imposait sa nomination… mais la manière affectueuse avec laquelle il lui avait été déféré et qui lui manifestait toute la bienveillance de la Société ; la confiance qu’il avait d’ailleurs dans ses collègues, habituellement jaloux de contribuer au bien, en s’aidant les uns et les autres, de leurs lumières, l’avait déterminé à se rendre à leur vœu qui le pénétrait de reconnaissance.» Ce discours modeste a été suivi de justes applaudissements.
Henri Joseph Desportes de Gagnemont Franc-maçon et Rose-Croix
Lors des évènements de juillet 1789, Desportes de Gagnemont faisait partie de la deuxième compagnie recrutée dans les paroisses de Saint-Pierre-La-Cour et Saint-Pierre-l'Enterré en septembre 1789 où il était sous-lieutenant. C'est tout naturellement qu'il signe avec son frère Desportes de la Fosse, dans le respect de la loi lue le 7 juin 1791, la pétition pour le retour du régiment des Dragons. Il appartenait à deux loges maçonniques : l’une au Mans, la loge du Moria de 1787 à 1790, et l'autre à Paris, la loge Rose-croix du chapitre de la douce union en 1788 (BNF, Département des manuscrits, fonds maçonnique, fichier Bossu).
Entête de lettre du Moria (Archives de France F 6715, dans Bouton 6193)
De la dissidence de ses condisciples à la loge du Moria, il constitue un nouvel atelier appelé Saint-Hubert le 17 janvier 1788 avec son frère Desportes de la Fosse, Ouvrard de Linières, Renusson de la Borde et Jouy Des Roches, atelier qui ne sera accepté par le Moria qu’en juillet. (André Bouton, Les Francs-Maçons Manceaux et la Révolution Française, (1741-1815, p. 97)
Il avait acheté en 1792 vendu comme bien national, avec son frère Desportes de la Fosse (1752-1802) le prieuré Saint-Victeur, pour y installer une usine d’étamines et d’indiennes pour la somme de 24000 livres, et la paroisse de Saint-Jean-de-la-Chèverie dépendant de l’abbaye du Pré pour 5500 livres. Ils commercent aussi avec l’armée pour des déchets de cuivre. (Société Sciences et Arts, tome XV, C, 6-18)
Décédé sans être marié, il n'a aucune descendance.
L’ultime texte délivré à la Société, écrit à la toute fin de sa vie, s'intitule :
"Épître sur l’existence et sur la toute puissance de Dieu".
Ce château n'existe plus, il fut vendu aux enchères par ses héritiers en 1851.
ARMES de la famille Desportes :
- de sinople au chevron d'or, accompagné en chef de 2 étoiles à 5 raies du même, et en pointe d'une canette de sable nageant sur une rivière d'argent mouvante de la pointe de Vécu. (Armorial des Échevins-de Maude)
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